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OECD INTERIM ECONOMIC OUTLOOK: Right on stronger fiscal policy action, silent on wages
September 2016
21/09/2016
The OECD released its autumn interim Economic Outlook on the 21
September against the background of growing concern amongst some
policy makers about “a populist backlash against trade agreements”
fuelled by stagnant growth.
Growth forecasts for the global economy broadly remain the same
(around 3%, much lower than the 1995 – 2007 average of 4%).
Relatively significant downwards revisions have been applied to the
UK (revision of minus 1%), to Italy (revision of minus 0.2% this
year and minus 0.6% next year) and the US (revision of minus 0.4%
this year). Japan and Brazil are slightly upgraded.
The overall key message is that the world economy remains in a
low growth trap, as has been the case since 2011. This repeats
the message conveyed in the June Economic Outlook and the February
interim forecast of the need for fiscal expansion, however there
are some shifts in the assessment:
- 1. The OECD is not just stressing that monetary policy is overburdened but is also warning about financial distortions and risks (overvalued asset prices with the risk of sharp correction, equity prices out of line with profit growth, distress for the banking sector, undermining solvency of pension funds and insurance groups – steadily undermining workers’ pension rights). The OECD hence is cautious of “any decision to increase the scope of unconventional policies” but refrains from calling for a turn-back of such policies (“maintain existing monetary policy support”).
- 2. The OECD continues to call for stronger collective fiscal policy action. With Canada, Japan and the United States recently announcing fiscal expansion measures, and with the UK signalling an easing in the fiscal stance, the focus shifts to Euro Area countries. These, according to the OECD, could do more to make use of exceptionally low interest rates. To do so, “the application of the EU Stability and Growth Pact” should be modified (…), for example by excluding net investment spending from fiscal rules (…)”. This is accompanied by a graph showing that Italy and France are enjoying budget gains over 2015 to 2017 thanks to falling government interest payments of 1.5 to 2% of GDP.
- 3. The structural reform agenda is re-framed from ‘reforms that strengthen globalisation to boost growth’, to ‘reforms that strengthen globalisation to boost growth, while sharing the benefits’. Going on the counteroffensive against what it sees as “rising protectionism”, the OECD states that “trade is an important driver of productivity growth, enhancing competitive pressures, enabling greater specialisation and resource allocation and facilitating knowledge transfer”. The outlook calls on to avoid or roll back new protectionist measures, remove tariff and non-tariff barriers, remove regulatory restrictions on trade in services, remove distortions for cross border investment.
The outlook lacks any reference to financial and banking
"structural reforms". It acknowledges that banks are in
overcapacity and that their business model is at serious risk, but
stops short of any policy recommendations.
While the OECD recognises that “policy packages should make sure
that the benefits of higher growth are shared broadly”, it seems to
come as an added reflection and reiterates the rather traditional
policy recommendations of investing in skills, human capital and
active labour market policy. Here, the reference to improving
social safety nets during job transitions is welcome. The OECD
however does not specify further what this would mean for policy in
practical terms.
At the same time, any reference to the role of wage formation
and collective bargaining in sharing the benefits of growth is
absent, and this despite the well-established fact that, even
with the trend of productivity dynamics slowing down, (real) wage
growth is staying systematically behind productivity in the
overwhelming majority of OECD countries, thereby depressing the
share of labour in GDP, while boosting the share of profits and
triggering increased inequalities in that way.
The only reference to the role of wages is a highly ambiguous and
inadequate one: to “promote competition amongst firms to underpin
more robust competition for markets and workers”. In other words,
if wages are to rise then this should be the outcome of a market
process with firms competing with each other for workers. This
fails to acknowledge that the relationship between individual
workers and management is not an equal one and that this often
results in depressed wage outcomes. To respond to the demise of the
middle class in the US and fears about the ongoing ‘race to the
wage bottom’ in Europe, the labour/management question needs to be
addressed as well. Household incomes in the US have recently seen a
welcome increase not just because of the market but largely due to
public interventions to shore up wages in the form of state level
increases in minimum wages.
L'OCDE a publié ses Perspectives économiques intermédiaires d’automne le 21 Septembre dans un contexte marqué par une préoccupation croissante dans les cercles gouvernementaux d’un « rejet populiste des accords commerciaux » et d’une stagnation de la croissance.
Les prévisions de croissance pour l'économie mondiale demeurent globalement inchangées (environ 3%, bien inférieure aux 4% durant la période 1995 - 2007). Des révisions à la baisse relativement importantes sont appliquées au Royaume-Uni (révision de -1%), à l’Italie (-0,2% cette année, -0,6% l'an prochain) et aux États-Unis (-0,4% cette année). Les prévisions pour le Japon et le Brésil ont en revanche été légèrement améliorées.
Le principal message du rapport est que l'économie mondiale reste « prise au piège d’une croissance molle », une situation qui perdure depuis 2011. En cela, cette édition des Perspectives économiques de l’OCDE demeure inchangée par rapport à celle de juin et de février deniers, notamment sur la nécessité d’une relance budgétaire. On note cependant quelques évolutions dans l’analyse :
- 1. L'OCDE ne se contente pas de souligner que la politique monétaire a atteint ses limites, elle met dorénavant en garde contre les distorsions et les risques financiers qui en découlent (actifs surévalués avec le risque d’une forte correction à venir, capitalisation boursière qui s’envole sans rapport avec les taux de profits, un secteur bancaire toujours en berne, un sous-financement alarmant des caisses de retraite – avec des préoccupation légitimes pour les droits à la retraite des salariés – et des compagnies d'assurance). L'OCDE appelle ainsi à la prudence quant à « toute décision visant à augmenter la portée des politiques non conventionnelles » mais se garde bien d’appeler à un revirement des politiques monétaires.
- 2. L'OCDE insiste sur la nécessité d’une action collective plus ambitieuse en matière de politique budgétaire. Alors que le Canada, le Japon et les États-Unis ont récemment annoncé des mesures de relance budgétaire, et que le Royaume-Uni s’engage dans un assouplissement de sa politique budgétaire, l’attention se porte sur la zone euro, qui pourrait faire plus, selon l'OCDE, compte tenu des taux d'intérêt exceptionnellement bas dont elle bénéficie. Pour ce faire, « l'application du pacte de stabilité et de croissance de l'UE devrait être modifiée (...), par exemple en excluant les dépenses nettes d'investissement des règles budgétaires ». Selon les calculs de l’OCDE, l'Italie et la France bénéficient de gains budgétaires de l’ordre de 1,4 - 2,2% du PIB sur la période 2015-2017 grâce à la baisse des paiements des intérêts de la dette.
- 3. L'agenda OCDE sur la réforme structurelle, précédemment axé sur « la mondialisation et la croissance» vise dorénavant « la mondialisation et la croissance, tout en partageant les bénéfices ». En réponse à ce qu’elle considère comme un retour du protectionnisme, l'OCDE insiste que le fait que « le commerce est un moteur important de la croissance de la productivité, de l'amélioration de la pression concurrentielle, et permet une meilleure allocation des spécialisations et des ressources toute en faciliter le partage des connaissances ». Le rapport appelle à ne pas engager de nouvelles mesures protectionnistes, à revenir sur celles existantes, à éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires, à supprimer les restrictions réglementaires sur le commerce des services, à éliminer les distorsions portant sur l'investissement transfrontalier.
Les Perspectives de l’OCDE ne font en revanche aucune référence aux « réformes structurelles » financières et bancaires. Si l’OCDE s’alarme d’un secteur bancaire décrit comme étant en « surcapacité » et dont le modèle économique est en danger, elle se garde de toute proposition de réforme en la matière.
L'OCDE reconnaît qu’il revient aux « politiques publiques de s’assurer que les fruits d’une croissance plus élevée soient distribués largement », mais cette préoccupation semble bien isolée dans le flot de recommandations plutôt traditionnelles pour l’OCDE : investir dans les compétences, dans le « capital humain », stimuler le marché du travail. La nécessité d’améliorer les filets de sécurité sociale lors des transitions d'emplois est certes bienvenue ; malheureusement l'OCDE ne précise pas davantage ce que cela signifierait en termes de mesures concrètes.
Surtout, l’OCDE occulte toute référence aux rôles des systèmes de fixation des salaires et de la négociation collective dans le partage des fruits de la croissance – une omission en dépit du fait, bien établi, que dans une écrasante majorité des pays de l'OCDE, la croissance des salaires réels a été systématiquement inférieure à celle de la productivité (alors-même que cette dernière connait un ralentissement) ; et avec en corolaire une baisse de la part du travail dans le PIB, une hausse de celle des profits et ainsi une hausse des inégalités.
La seule référence au rôle des salaires est à la fois un très
ambigüe et franchement inadéquat: « promouvoir la concurrence
entre les entreprises pour une concurrence plus robuste pour les
marchés et les travailleurs ». En d'autres termes, pour l’OCDE,
si les salaires augmentent ce sera par le marché de l’offre et de
la demande et par une concurrence plus forte entre les entreprises
pour attirer les travailleurs. Cette proposition ignore
manifestement que la relation entre le salarié et son employeur est
tout sauf une relation d’égal à égal et qu’elle mène le plus
souvent à une pression à la baisse des salaires. En réponse à la
disparition de la classe moyenne aux États-Unis, en réponse au
nivellement des salaires par le bas en Europe, la question des
relations sociales entre salariés et employeurs doit être abordée.
La récente hausse des revenus des ménages observée aux États-Unis
n’est pas seulement due à l’amélioration des conditions de marchés
; bien au contraire elle est surtout le résultat de l’intervention
des pouvoirs publics pour consolider les salaires en relevant les
minima salariaux.